Le "Gilles" ou "Pierrot" de Watteau
Le mystère du Pierrot ou Gilles de Watteau/the mistery decrypted




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L'icône représentant le Pierrot se trouve en haut à droite dans l'encsadré bleu

 
     
     
 
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Le "Gilles" ou Pierrot de Watteau

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Pierrot de Watteau
Le "Gilles" ou Pierrot de Watteau (Le Louvre aile Sully 2e étage Salle 36) ©

Le "Gilles" ou Pierrot de Watteau (Vidéo 2'50)


Le "Gilles" ou Pierrot de Watteau (Vidéo 3'20)

 

 
     
     
 
Jean-Antoine WATTEAU Pierrot ou « Gilles » Peint vers 1718-1719. Le tableau réapparut en 1804 acheté par Vivant Denon pour 150 ou 300 francs place du Carrousel. Au Louvre depuis 1869.
Dans Gilles ou Le spectateur français, le livre de Gilles Cornec publié en 1999 dans la collection L’Infini (p. 64-69), on trouve une analyse intéressante du tableau de Watteau. Philippe Sollers, l'éditeur, présentait ainsi le livre : « Le Gilles de Watteau est l’un des tableaux les plus mystérieux du monde. Tout en lui est évident, lumineux, et tout est obscur. Qui est ce personnage de scène innocent, peut-être idiot, profond, et surface pure. D’où vient-il ? Que montre-t-il ? Que cache-t-il ? Pourquoi une telle clandestinité en plein jour ? Que font, derrière lui, ces comédiens et cet âne ? ... Watteau nous voit, et peut-être que son silence est terrible. Il est au Louvre, à Paris, et en même temps définitivement ailleurs. Il fallait donc, sur cette énigme historique, une enquête audacieuse : la voici. »
 
 
     
     
 
« Tels qu’ils se présentent, baignant dans des fourrés, ces trois troncs humains ne sont liés par aucune complicité. Chez chacun d’eux la mollesse est de nature différente. Mais sur un point au moins les figurants maussades ont été unanimes : le moindre effort sera le bon. Le voyou, dont les mains ne sont adroites que dans les poches de ses semblables, a pris son air le plus dégoûté. Sa voisine montre un début de bonne volonté. L’autre porte son plumage autour du coup et sa dentition sur la tête. (...) Malgré ses cheveux roux gracieusement implantés et tirés sans excès, malgré son fichu à rayure noué en châle sur la poitrine, à la mode des servantes de Chardin, la femme n’est pas une beauté. La paupière tombe et le sourcil avec elle. Le menton n’est pas loin d’être double. Mais la bouche est jolie. Et son type émeut d’emblée l’amateur de peinture (...) Qui ne reconnaîtrait en elle une de ces « femmes des anciens peintres » rencontrées par Rimbaud à « quelque fête de nuit dans une cité du Nord » ? (...) Elle sauve ici l’honneur du sexe auprès de chevaliers peu servants. (...)
 
 
     
     
 
Puisque « c’est le ridicule et la folie qui font rire », on peut trouver au second larron un air du neveu de Rameau. Hybride de Triboulet et d’Absalon, ce parfait ahuri a survécu à Dieu sait quel bal des ardents. Lui seul fait preuve de concentration. Son déguisement de coq n’en est que plus réussi. Le couronne une espèce de scie circulaire dont les dents auraient été couchées par une explosion. La bouche entrouverte, les yeux écarquillés, cet impénétrable drille a vu quelque chose. A sa place, qui chercherait à se rendre utile ? Sur la figure ... on ne lit rien de bon. Entouré de rayons, son visage est-il l’ostensoir ou bien le miroir d’une horreur qui nous échappe ? Prenons encore l’homme à droite du tableau. (...) On n’en trouve que bien peu à s’être montré aussi cramoisi que lui. Si peu pudique, l’érythème de son habit, que par antiphrase ce garçon personnifie l’absence de honte ! Garçon est le mot. N’y entendre que le masculin de garce est d’autant moins exagéré qu’il a souvent été confondu avec Scapin. (...) Celui-ci porte, irrigué comme nu placenta, un somptueux béret. Toujours imité par la haute couture, vulgarisé sous le nom de faluche par les étudiants, jamais égalé parce qu’y manque la touche du vaurien, l’objet se doit d’être soigneusement posé. Donner la bonne inclination à ce genre de couvre-chef n’est pas à la portée du premier chasseur alpin venu. A la fin du XXè siècle, il n’est pas plus de deux endroits au monde où l’on sache le faire. A Sienne, quelques jours par an, quand toute la jeunesse prend l’air spadassin. Et, bien sûr, dans certaine compagnie suisse, qui garde qui vous savez. Que ces endroits ne soient pas trop éloignés l’un de l’autre ne fait que le confirmer : décidément les habits sont italiens. Et faits pour tout sauf travailler. Sans la fronce en haut de sa manche, la veste serait sérieuse. La costumière, qui connaît son métier, sait que le théâtre tient parfois à quelques volants en plus ou en moins. Sur le geste du bras est-il nécessaire d’insister ? (...) Œil d’aveugle, sourcil fusain, barbe bleue, patte non taillée qui commence un mouvement d’accroche-cœur, accessoires que tout cela au service de la moue. La lèvre supérieure, en soulevant à moitié la narine, prend cette arrogance guimauve qui a fait le succès du premier Elvis Presley.(...) Leur costume, leur type théâtral, même s’il reste flou, l’embryon d’intrigue qui les fait se côtoyer, leur passion prédominante, comme dirait l’autre, tout en eux, par les moyens conjugués de l’humour et de l’effroi, tout propose la botte au monde qui regarde.
 
 
     
     
 
Le Pierrot tout de blanc vêtu, représenté par Watteau, est une variation du Pierrot italien "le Brighella". Ferrarais d’origine, il joignait à l’esprit de ruse une grossière insolence. Qu'est-ce qui marque les esprits, en France, lorsque Watteau entreprit de peindre ce tableau ? On ne peut s'empêcher de penser au système de Law qui recommandait l'utilisation de papier monnaie plutôt que de celle de la monnaie métallique. Ceci suscita des polémiques qui impliquèrent les plus grands personnages de l'Etat, ainsi que le Parlement. Ce Pierrot de Watteau, que l'on trouve si mystérieux n'est-il pas une allégorie du système de Law ? Le voleur ne symbolise t-il pas tous ceux qui allaient profiter du système et voler leurs semblables en spéculant ? L'âne ne symbolise-t-il pas tous ceux qui ont cru pouvoir s'enrichir facilement et qui furent ruinés ? La statue à droite ne symbolise t-elle pas celle du "Commandeur", prêt à déclencher les foudres divines sur ceux qui ont "péché" par cupidité ? Le Pierrot "gonflé" comme une baudruche ne symbolise-t-il pas l'inflation ? Comme cela nous paraît tristement d'actualité, près de 400 ans plus tard !
 

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